L'OPERA ET L'OREILLE DU PHILOSOPHE

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L'opéra, en lequel on ne veut voir souvent qu'une sorte de théâtre musical voué au divertissement d'une élite fortunée, a également pu être, au cours de l'histoire, l'instrument privilégié de la propagation d'idées philosophiques, politiques ou religieuses qui, sous une autre forme, se seraient sans doute imposées plus difficilement.
Lorsque l'on considère certains thèmes privilégiés qui ont, au cours des siècles, inspiré plus particulièrement librettistes et compositeurs : la mort, le pouvoir politique, le statut social de la femme, la passion ou la folie, on voit se dessiner un certain nombre de convergences remarquables entre le traitement que les créateurs d'opéras ont pu faire de ces thèmes et l'approche plus théorique qu'ont proposée à la même époque les philosophes proprement dits; les rapprochements entre Monteverdi et Machiavel, Mozart et Rousseau, Moussorgski et Nietzsche, par exemple, se révèlent particulièrement éclairants. La création lyrique ne saurait toutefois se réduire à une simple vulgarisation de thèses philosophiques ; la réflexion qui sous-tend au cours des siècles la création de l'opéra est en réalité une pensée du mythe qui possède en elle-même sa propre cohérence.

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